Roncevaux, Alésia, Lascaux,.....La liste est longue.

Il est des lieux dont le seul nom évoque un passé historique un homme célèbre, un site hors du commun.

Hérépian, inconnu de beaucoup, se situe au fìn fond de l'Hérault mais le souvenir de ses" Tuquiers " est encore vivace dans les Hauts Cantons.

Autrefois on n'était guère tendre les uns envers les autres. Les rivalités entre villages poussaient les populations à affubler les voisins de sobriquets plus ou moins désobligeants, chacun tournant en dérision l'objet de l'orgueil, de la réussite, de la richesse de l'autre.

Notre village, quant à lui, doit sa réputation, locale s'entend, à un fruit-légume.

Mais pas n'importe lequel: un fruit gros. charnu, lourd, à la peau dure, épaisse et fortement colorée.

Oui, c'est une cucurbitacée qui a donné au village sa double étiquette, son renom et le surnom de ses habitants! La courge, car c'est d'elle qu'il s'agit, s'est développée ici, sur un terrain fertile, au milieu de cultures maraîchères déjà connues à l'entour, avec une saveur et une abondance rares. II faut dire qu'Hérépian est arrosé par trois cours d'eau, l'Orb, la Mare et le Rieu Pourquié. Typiquement méditerranéens, ceux-ci débordent régulièrement lors de pluies torrentielles et déposent sur le sol des limons, engrais incomparables. En outre, le village est quadrillé de canaux d'irrigation.

Les villageois tiraient donc profit et certainement orgueil de ce beau fruit plantureux.

Mais les voisins, à coup sur jaloux, eurent vite fait d'associer produit et producteur, de transférer les caractéristiques de la courge dure et massive sur les Hérépianais.

Des histoires circulèrent alors sur leur ignorance, leur naíveté, leur manque de finesse.

Tout aurait pu étre oublié si certains félibres n'avaient consigné ces racontars et n'avaient à tout jamais rendus célèbres, sans aucun ménagement les " TUQUIERS D'HEREPIAN ".

De plus, la configuration de notre commune présente une particularité amusante.

Resserré en son milieu, épanoui sur deux côtés, le village a la forme d'un huit.

Ce chiffre ne ressemble-t-il pas à une courge ?

Evidemment cela n'a fait qu'apporter de l'eau au moulin des moqueurs ! (On retrouve d'ailleurs ce huit dans les parties de loto, quand le nommeur crie" la tuque " pour annoncer ce numéro !)

Nos voisins auraient-ils eu plus de chance que nous?

Baptisés " melons ", les habitants des Aires ont un surnom qui se perd semble-t-il. Quant aux " concombres " ( Los codobres ) poujolais ils ont certainement essayé et réussi à se débarrasser d'une appellation guère plus valorisante que la nôtre. De toute façon, on faisait tous parti de la même famille.

 

De l'ouvrage de D.THERON Légendes et réalités

Quelques précisions concernant le mot "tuca" : Nous ne manquerons pas de parler plus loin des saveurs culinaires de la courge, mais il faut déjà noter que le mot " tuca " a, en occitan, une saveur bien caractéristique : en effet, il n'est employé que dans le dialecte biterrois parlé dans l'arrondissement de Béziers et sur la côte de Vendres à Vias. Nos voisins narbonnais et catalans ne parlent pas de la " tuca " mais de la " carbassa ", les Agathois et les Montpelliérains de la " cogorla " et en Provence, c'est la " cogorda ".  

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