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LOUS TUQUIES D'EREPIO

Junior SANS lou 5 mai 1864

ESPLICACIÉU DEL MOT TUQUIÈS

Acos eroperpoudazous. Un bel dimenche al mati, un paisan d'Erepio, apres aveire ausit la messo matinieiro e aveire desclouscat un parel de centenats de cagaraulos azagados de dos ou tres foulhetos de boun pianchou, per las empachà de banejà, s'enanet faire la matinado à quauco vigno séunoperacabà d'escausselà e paísselà quauco soumesso. Anibatà la vigno, moun ome se metet en branle, e, coumopoudes vous oupensà, n'escausselavo pas de cagno. Rai! Lou malcarataviò la trìpe caudo!... Saique alboutd'uno ourado, coumo acabavo lou darriè escaussel, lou tems coumencet de se destourbà e de faire quaucos raissos de vent, que vous aproumeti que lous qu'endurerou aquelo sisampo tout loujour deviou pas sentir l'embarrat lou vespre en arríbant à f'oustal.De veire aquel mam't tems e de se veire tout soulet, acò lou carcagnavo de s'estre pas escoumbinat, e lou carcagnavo encaro mai d'aveire uno cínquanteno de soumessos à paisselà. Enfin! Sai sen, saí sen! Caf acabà, i'a pas de mitan !,. Coumo paissefavo uno

soumesso de fouirals que se capitavo à l'auríeiro e de-foung d'un bartas d'amouros, ausis siblà, siblà, siblà!... Aquel palot, tout en creguent que sieguesso soun vesi de terro, II crído am sa vos de taurí :

òu! Jan Brancassì, se vos un courdil per estagà lou siblet ? E degus noun lirespond. Aladoun escalauro lou toutral, se quilho sus la pouncho des peds, gueito en sai, gueito en lai, amoun, aval, e vei pas amo creado en loc, e pamens ausissiò toujour siblà de per aquel bartas. Avalisco lou siblet!.. l'a quicon de mai ou de mens dins aqueste bartassas! Vejanveire que sera tout aissò, enfin finalo! E coumo s'enginavo per anà lou fourfoulhà, ausis siblà de pu fort e mai que jamai. Ĺa pou l'aganto an aquef grand pandoulo! E partis d'ausido en gagnant lou vilage à traves camps e vignos. En am'bant al vilage, coumo poudes pensà, guelsavo coumo un fauzer; ero tout afanat e tout vergat, tant avio avut virado! De lou veire tant desanat, tout lou mounde s'acampo à soun entoureli demando s'es malaute ou se li es anibat quauque grand malur ? E lou paure ome li conto so que sabès. An aquelo nouvelo, li donou vitomen quicon perlou reviscoulà, e dins aquel tems cadun s'en va à soun oustal per querre sa poudadouiro.

Dins un ai tout lou vilage es armat e cop-sus-cop s'en vòu toutes adraiats à la vigno d'aquel vielh abestit e tout drech al bartas en questiéu que, à soun arribado, siblavo tant ou mai qu'un siblet de cami de ferre. De veire pas degus e d'ausi siblà tant fort, cap gausavo pas se n'en sarrà, amai tenguesso sa poudadouiro à la ma; nimaiperun milhoun! Aviòu be trop pòu que sieguesso quauque demoun ! Pamens, à la fí, apres aveire prou raissejat, un grand goujatas, que n'avio pas í'aire d'estre un molari, vejent que tout lou mounde s'entoumavo, se met à dire : " Amai nous entoumarían d'aissi coumo sen venguts! " Aladoun, sans mai s'escoutà, sauto toutd'un vanc dins aquel bartas, fourfoulho, viro, reviro e finispertroubà uno tuco destapado que fasiò au mens tres cartous amai turqueto, que lou vent fasio siblà à tout roumpre en li passant sul trau. E coumo n'ero pas pla aisat per se tírà de peraqui dedins, aquel brave goujat se metet à bramà:" Venes m'ajudà à me tlrà d'aissi que teni lou siblaire ! N'ages pas pòu, es uno tuco ! Es uno tuco, boulegà-vous! " Caucagno acò! Cop-sus-cop, mai espesses qu'un vol d'estoumels, toutes li courríguerou per li   pourtà de secours, e lou tírerou de dedins aquel barías ambé la poudadouiro d'uno ma e aquelo pichoto tuco de l'autro, Rai, s'ero estat tout aqui!.. Mais lou paure diablas se n'en ero pas tirat ambé las braios netos : s'ero tout escaurragnat e taíamen esquinsat de pertout, que li aurias penjat toutes lous crocs de Merviel.

Sus aquelos entremiejos, malurousomen venguet à passà uno colo de mesadiès de Douch ou de Vilocelos qu'anavou se lougà perpoudà à quauco granjo del coustat de Magalas, que de veire tout aquel sagan e magan, ne faguemu de grands cacalasses e, per la pago, lous batejerou lous TUQUIÈS. E, dempei l'ouro e lou moumen, valent-à-dire dempei aquelo braubado, l'escais de" Tuquiès d'Erepio " li es pas toumbat, ni mai serà pas iéu que li lou levarai  !

 

LA TUQUE D'HEREPIAN

EXPLICATION DU MOT "TUQUIERS" :

Texte de Junior SANS. Traduction littérale permettant de garder les images et les tournures de In langue occitane.

 

C' était à l'époque de la taille. Un beau dimanche matin un paysan d'Hérépian, après avoir suivi la messe matinale et sorti de leurs coquilles deux centaines d'escargots arrosés de 2 ou 3 fillettes d'un bon petit vin pour les empêcher de se promener, s'en alla faire la matinée dans une de ses vignes pour achever de déchausser des souches et mettre quelques tuteurs.

Arrivé à la vigne, notre homme se met au travail et comme vous pouvez le penser,

il ne déchaussait pas avec flemme. Ah ! Le bougre ! Il avait le cœ ur à l'ouvrage !

Au bout d'une heure, comme il achevait son dernier échaux, le temps commença à se gâter et il se mit à faire quelques rafales de vent telles que, je vous assure que ceux qui les essuyèrent tout le jour ne durent pas "sentir le renfermé " le soir en arrivant chez eux.

Voyant ce mauvais temps, se sachant tout seul (cela le chagrinait de ne pas être accompagné ) il était désolé d'avoir encore une cinquantaine de souches à tuteurer. Enfin il y était, il y était, il fallait bien finir !

Tandis qu'il tuteurait près des broussailles, il entendit un sifflement. Et siffle que tu siffleras... Ce lourdaud, croyant que c'était son voisin, lui crie de sa voix de taureau : "Hé ! Jean Brancassi tu veux un cordon pour attacher ton sifflet ?" Mais personne ne lui ré pond. Alors il escalade le talus, se dresse sur la pointe des pieds, regarde ici, là bas, en amont, en aval, ne voit â me qui vive nulle part. Mais il entend toujours le sifflement venant du fourré .

"Au diable ce sifflet. Décidé ment il y a quelque chose dans ce gros buisson. Allons voir à la fin !" Et comme il s'apprêtait à le fouiller, il entendit siffler plus fort que jamais. La peur saisit ce grand dadais et il se met à courir à travers vignes et champs pour regagner le village.

En arrivant au village, comme vous pouvez le penser, il soufflait comme un lézard ; il était tout faible et tout blême tant il était retourné .

De le voir épuisé tout le monde s'avance autour de lui et lui demande s'il lui est arrivé malheur. Et le pauvre homme leur conte ce que vous savez.

En apprenant cela, ils lui donnent vite un petit remontant et chacun part chercher sa grosse serpe.

En un rien de temps, tout le village est arm é et se rend tout droit à la vigne de ce vieil abruti vers le buisson en question, qui à leur arrivée, faisait autant de bruit qu'un sifflet de locomotive.

De ne voir personne et d'entendre siffler aussi fort, nul n'osait s'approcher, même la serpe à la main, pas même pour un million; ils avaient bien trop peur que ce soit quelque démon !

A la fin, après avoir hésité , un grand garçon, qui n'avait pas l'air d' être un mollasson, voyant que tout le monde s'en retournait, se met à dire : " Eh bien ! partirons-nous d'ici comme nous sommes venus ? " Alors sans plus attendre il bondit dans les broussailles, fouille, tourne, retourne et finit par trouver une courge trouée que le vent faisait siffler à tout rompre en passant à travers le trou.

Comme il n' était pas facile de se tirer de l à , ce brave garçon se met à crier : " Venez m'aider à me sortir d'ici, que je tiens le siffleur; n'ayez pas peur c'est une courge. C'est une courge; bougez-vous ! " Très bien, sur le champ, tel un vol d' étourneaux, tous coururent pour lui porter secours. Il fut tiré de ce buisson la serpe dans une main, la petite courge dans l'autre.

Voilà , tout aurait été fini si le pauvre diable n'avait pas déchiré son pantalon, lacéré d'un bout à l'autre. Sur ces entrefaites, malheureusement, vinrent à passer des habitants de Douch ou de Villecelle qui allaient se louer pour tailler, dans quelque ferme du côté de Magalas, et qui, voyant tout ce désordre, en firent des gorges chaudes et, sur le coup, baptisèrent les Hérépianais les " Tuquiers ". Et c'est de ce temps-l à que date ce surnom des Tuquiers d'Hérépian.

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