La grand portail de la maison aux volets bleus est ouvert.

A l'intérieur de ce vieil atelier une lueur rougeatre m'incite à entrer. Claude travaille le fer rougi à petits coups de marteau. Un homme attends, assis

contemplant le travail du forgeron

- bonjour, dis-je en me présentant.

- Je sais qui tu es, réponds Claude.

Et voilà Claude d'expliquer à l'homme mes origines.
-Je me souviens de votre père quand il pêchait en aval de la Bastide dit l'homme.
Et un de vos oncles jouait de la clarinette , comme moi.
- oui, c'était Henri décédé en 1944 ! mais vous êtes qui Monsieur ?
- Moi je suis Raymond, Raymond de Nissergues et vous êtes le neveu de Jean.
- En effet !
Je demande à Claude s'il continue de travailler après avoir pris sa retraite.

- je le fais pour rendre service, souvent pour réaliser des travaux que les artisans ne souhaitent pas faire.
Et Claude d'expliquer ce que désire Raymond. Un support de débroussailleuse .
Calas Madame entre dans l'atelier une cisaille à la main. Un salut est échangé entre nous.
Tout en continuant son oeuvre Claude nous parle de son parcours professionnel.
Il a appris ce métier avec son père et a conservé des outils rares. Il a fait carrière à la SNCF au dépôt de Béziers. Il y suivit une formation, durant plusieurs heures par semaine , en plus de son travail normal . Il passait souvent devant le jardin des poètes où il restait admiratif devant la grille monumentale . Des soudures faites à la forge de 40 ! Comment ont-ils pu faire cela ! s'exclame le charron.
Claude nous fait découvrir des varlopes , des forets qui tournent à gauche car ils étaient prévus pour une machine
à perforer le métal à la main !
- Alors Jeannot comment vas-tu ? Lance Claude à Calas.
- J'ai des soucis au jardin.
Ils échangent quelques banalités et Jeannot Calas nous quitte.
Je pensais qu'il venait faire aiguiser sa cisaille. Mais non , il a vu le portail ouvert et tout naturellement est rentré pour discuter.

Cela se passait ainsi à Hérépian. Les ateliers étaient des lieux de discussion. Je revois les rassemblements devant l'atelier du Maréchal-ferrant et je ressent l'odeur que dégagaient les sabots brulés des chevaux par le fer chauffé au rouge. Les plus anciens ont le souvenir de la boutique du bourrelier où le soir venu on venait discuter de tout et de rien. Claude , d'un air malicieux me présente un outil en bois et me demande à quoi il pouvait servir.

Heureusement pour moi je crois reconnaître un curvimètre de grosse dimension

- Cela doit servir à faire des mesures ! Dis-je.

- En effet , on faisait tourner cette roue autour de la roue de la charrette en comptant les tours.

On pouvait ainsi déterminer la circonférence de la roue. Je me souviens de son père. C'était un spécialiste du cerclage des roues de charrettes.

 

Un travail spectaculaire , il faisait refroidir le cercle de fer épais autour de la roue de bois. Aujourd'hui ces roues sont recherchées comme ornement. Je fais quelques photos avant de saluer Claude et Raymond.

Je sors d'un endroit magique.

Un petit musée avec un conservateur actif,

ça existe et c'est à Hérépian !

ggderepio, 25 juillet 2009