A. EMPLACEMENT

Giorgos Kakkouras Théologen

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SAINT NICOLAS-AU-TOIT

AGIOS NIKOLAOS TIS STEGIS

Bref historique du Monastère et description de l'église

 

A environ 5km au sud du village de Kakopetria, dans la région de la vallée de Soléa, se trouve le monastère historique de St Nicolas-au-Toit.

Il est bâti sur la rive droite de la rivière Klarios (Karkotis), dans une faille noyée dans la verdure au pied du mont Troodos, entouré d'un lieu verdoyant.

B. HISTOIRE DU MONASTÈRE

D'après la morphologie de l'église le monastère semble être du Xle siècle. Il se trouvait en plein essor à la période byzantine intermédiaire et ce monastère fut aussi à son apogée, sous la période franque comme le prouvent les décorations successives des fresques ainsi que la grande icône de St Nicolas, datée du XIIIe siècle, don fait à l'église par un chevalier franc (l'icône, aujourd'hui, se trouve au Musée d'Art Byzantin de la Fondation de l'archevêque Makarios III).

On sait aussi que durant la période franque, après 1260, l'archevêque de Chypre fut obligé d'avoir son siège épiscopal au monastère de St Nicolas-au-Toit. (Dans leur tentative de latinisation de l'île, les conquérants francs avaient réduit, selon la bulle pontificale du pape Alexandre IV (1260), les 14 évêchés à 4 et déportèrent l'archevêque ainsi que les évêques).

En 1633, le monastère fut rénové et l'église de St Nicolas, restaurée.

L'inscription au-dessus de la peinture murale de St Pierre et Paul qui date de 1633( « ...serviteur (sic) pour mon seigneur N.. »), indique que Philothéos n'a pas seulement payé les peintures murales de St Pierre et St Paul mais qu'il a aussi pris en charge la rénovation du monastère.

On peut en déduire par une autre inscription (« ...de St Nicolas-au-Toit - la main de Philothéos l'a rénovée (sic) en partie Germanos, moine et abbé donateur (sic)...).

Le monastère de St Nicolas-au-Toit est mentionné par l'archimandrite Kyprianos dans son histoire (L'histoire chronologique de l'île de Chypre 1788) comme monastère «Stavropyge», adjectif donné aux édifices religieux qui étaient autonomes.

Quoiqu'il en soit, les sources des voyageurs qui visitèrent Chypre présentent le monastère comme étant : «aussi glorieux et tout aussi important que celui de St Jean Lambadistis, de celui de Kykkos et de celui de Trikoutchias» (N. Kyriazis, «Monastères à Chypre, 1950 »).

Le célèbre voyageur russe, pèlerin et moine Basile Barsky visita le monastère en 1735. Dans la partie principale de l'église, au premier pilastre, sous la peinture murale de St Pierre, toujours visible aujourd'hui, dans un cadre en forme de cœur, il a inscrit ce qui suit : «Montant de Trikoutchias vers le Troodos lieu couvert de neige, au lieu-dit « Bain des Aigles», vous verrez la merveilleuse région de l'Amiante et St Marnas aux cheveux coupés, le pré du Pacha pour arriver ensuite au monastère en pèlerinage, moi humble pèlerin et moine, Basile Barsky, de Kiev, le 30 juillet ».

Le même Barsky encore dans ses « Pérégrinations » (Kypriakai Spoudai, t.KA, 1957) écrivit que lorsqu'il visita le monastère, là-bas, il n'y avait pas de moine, qu'il demeura 4 jours dans le bâtiment du monastère, saisi d'enthousiasme par la beauté de la contrée et avec l'intention de faire un dessin du monastère et ce qu'il fit.

Ce qui est remarquable c'est qu'il ajouta ceci : « le monastère est petit mais il possède deux moulins et assez bien de champs et de bois d'où il retire sa subsistance et arrive à couvrir les impôts turcs ».

Il est certain que le dernier moine de la laure, l' économe Gérasimos mourut en 1808. On fit faire l'inventaire des biens de la laure et ensuite les dépendances furent données en location soit à des religieux soit à des laïcs. Les références relatives à la fortune du monastère se trouvent rapportées dans le codex foncier de l'Archevêché.

Aujourd'hui, au sud de l' église, à une petite distance de là, se trouve préservé à ce jour, une petit édifice - peut-être la demeure des derniers moines (1808). Les rénovations successives qui eurent lieu, les éboulis de l'appareillage de construction ainsi que d'autres éléments prouvent que le monastère, lors de son apogée, accueillait un grand nombre de moines.

Enfin, on devrait encore mentionner hors de l'enceinte du monastère, près des bois se trouve le lieu-dit «tombes des évêques». Aujourd'hui encore, se trouvent des éboulis de pierres de construction et, selon la tradition, il s'agirait de tombeaux des supérieurs qui furent mis à mort par les Turcs.

C. L' ÉGLISE - L'APPELLATION «AU-TOIT »

L' église appartient au type de la croix inscrite avec coupole. Au début, l'église fut construite dépourvue de narthex. Les réparations successives causèrent la destruction de ses premières façades.

Au début du Xlle siècle, le narthex fut ajouté sur le mur occidental. Le mur septentrional du narthex est postérieur parce qu'il est couvert de fresques. La porte septentrionale existante aujourd'hui, l'ouverture fut percée et la porte date du XVe siècle.

A la fin du Xlle si ècle ou peut-être tout au début du XIIIe siècle, l'église de St Nicolas fut recouverte d'un deuxième toit en forme de bât qui dissimule la disposition originelle des voûtes et de la coupole.

Ce deuxi ème toit aux tuiles crochues a donné l'appellation de St Nicolas « au-Toit » déjà au XIIIe siècle, comme le prouve l'inscription de la grande icône du saint (Ath. Papageorgiou «Grande Encyclopédie Chypriote. Comme nous l'avons déjà indiqué cette icône se trouve maintenant au musée d'Art Byzantin à Nicosie).

La raison pour laquelle un deuxième toit fut rajouté est claire - il fut ajouté pour que l'église et ses fresque n'aient pas à souffrir de la neige qui s'amassait au long de hivers rigoureux. On pourrait dire que ce fut peut-être même aussi la première église de la région à recevoir un toit de ce genre comme simple moyen de protection. Il faut aussi signaler que ce toit cintré mesure à peu près 13m de long et 8m environ de large

D. FRESQUES

L'intérieur de l'église pourrait très bien être considéré comme musée d'art byzantin. Cela étant à cause de l'exceptionnelle qualité de ses fresques, de leur conservation mais aussi par le fait que ces fresques furent exécutées tout au long de 7 siècles,

du Xle si ècle au XVIIe siècle.

Il est certain que peu des fresques du Xle siècle furent conservées à ce jour. On peut toutefois discerner les traits rudes, le contour appuyé du trait, l'économie de la gamme chromatique mais aussi l'intense spiritualité des portraits des saints. (Ath. Papageorgiou).

De telles fresques sont celles notamment de la Vierge, Mère de Dieu avec les archanges St Michel et l'archange Gabriel au berna et dans l'abside de l'autel l'Assomption et la Pentecôte.

Dans l'abside occidentale la Transfiguration et la Résurrection de Lazare. Sur le mur occidental au- dessus de l'entrée se trouve la Dormition de la Vierge, en très mauvais état. Sur le mur septentrional sous, la scène existante des Femme Myrophores se trouvent, partiellement recouvertes, la Déposition et la Mise au tombeau du Christ.

Des fresques du Xle si ècle sont conservées les représentations de St Ignace d'Antioche, d'Ignace de Constantinople, Polycarpe de Smyrne, de Germain de Constantinople; des saints martyrs Floros et Laurent, Serge Bachkus et Thalée. De même que l'abbé Philon, un saint Stylite et le prophète Zacharie.

Au-dessus de l'entrée occidentale dans l'arc aveugle peu profond est représenté St Nicolas, la fresque étant très endommagée.

Dans le narthex (d ébut du Xlle siècle) est conservée le Christ en Gloire, la Déisis, de la première représentation du Jugement Dernier et le visage de 6 apôtres. On y voit aussi des scènes du Jugement Dernier, comme les anges qui déroulent le Ciel et des scènes de l'Hadès. On y voit encore la fresque du Riche de la parabole (le Riche et Lazare) en train de brûler dans l'enfer.

Lors de la première décennie du Xlle siècle dans un arc aveugle (dans la niche au sud de l'iconostase) un peintre exceptionnel peignit St Nicolas en pied. Sur la même fresque figure aussi le donateur orant, un moine (voir icône de la page 37).

II faut signaler aussi qu'au Musée d'Art Byzantin de la Fondation Culturelle de l'archevêque Makarios III à Nicosie se trouvent les fresques du XlVe siècle qui furent retirées de l'église St Nicolas-au-Toit et où elles sont exposées dans un endroit adéquat.

Ces fresques recouvraient d'autres fresques ant érieures aux mêmes représentations qui dataient du Xle si ècle. Celles-ci appartenaient : à la Mère de Dieu ( en position d'orante), avec les archanges, à l'Assomption, à la Pentecôte et aux trois fresques du berna.

Parmi les fresques post érieures on pourrait distinguer de manière significative la fresque de la Nativité du XlVe siècle. Ce qui est rare et même assez exceptionnel c'est qu'il s'agit de la représentation de la Mère de Dieu qui allaite l'Enfant Jésus. Enfin, il est à noter que l'iconostase existant de l'église est du XVIIe siècle .

Textes traduits par Antoinette Dheere.